Sorti du jeu en commission spéciale, le crédit inter-entreprises revient sur les bancs de l’Assemblée, a priori ce mardi 3 février. Il pourrait permettre de renflouer les caisses de PME en mal de trésorerie. Côté fonds propres, la solution de la réouverture de bourses régionales se profile.

La partie n’est pas perdue, pour les partisans du crédit inter-entreprises. A l’occasion de l’examen du projet de loi Macron, Jean-Christophe Fromantin, qui n’avait pas réussi à faire adopter en commission spéciale son amendement sur le sujet, le représente en séance. “L’idée est qu’une entreprise puisse proposer à une autre, un crédit courant sur moins de deux ans, à condition que toutes deux entretiennent une relation commerciale, explique le député UDI. Une PME pourrait prêter à une PME, mais le dispositif pourrait surtout être utilisé par les grands donneurs d’ordre voulant aider leurs sous-traitants présentant des difficultés de trésorerie. Le crédit fournisseur n’est souvent pas suffisant.” Sûre d’assurer un certain volume de commandes à son partenaire, la grande entreprise ne courrait aucun risque à accorder un tel crédit court-terme.

Cette mesure portant sur un crédit inter-entreprises “de gré à gré” sera en concurrence, sur les bancs des députés, avec un autre système, privilégié par le gouvernement, qui a d’ailleurs fait adopter en commission un amendement l’autorisant à procéder par ordonnance sur le sujet : l’octroi de bons de caisse par des entreprises présentant une trésorerie excédentaire, en faisant intervenir des plateformes de financement participatif pour l’intermédiation.

Le retour des bourses régionales

Autre cheval de bataille de Jean-Christophe Fromantin, appuyé par le gouvernement cette fois-ci, le retour des bourses régionales, supprimées il y a vingt-cinq ans. Objectif : créer en local des circuits courts de financement pour les PME et PMI, en actions ou en obligations, et “mutualiser des emprunts notamment en partenariat avec l’Agence France Locale”, l’agence de financement des collectivités créée fin 2013. Evidemment, ces bourses 2.0 n’auraient plus rien à voir avec leurs ancêtres.
Places de marché dématérialisées, régulées par l’autorité des marchés financiers, elles seraient animées par les collectivités locales (régions et métropoles) où elles seraient implantées, et également par la Caisse des dépôts et Bpifrance.

Une rencontre entre PME et habitants d’une même région

Reste à savoir si les PME, qui sont pourtant légion à manquer de fonds propres, se bousculeraient pour ouvrir leur capital. Si l’on prend comme baromètre Place d’Echange, la bourse lyonnaise qui a vu le jour mi 2014, sur un modèle un peu similaire, le doute est permis. Deux opérations sont annoncées pour bientôt, quelques candidatures sont à l’étude. Mais, concrètement, seule l’entreprise Euroglass est aujourd’hui valorisée. Loin d’un démarrage sur les chapeaux de roue.

Côté épargnants, en revanche, le “produit” pourrait bien séduire en masse. “Les emprunts obligataires lancés par les régions rencontrent un grand succès car les gens aiment investir dans la proximité, affirme Jean-Christophe Fromantin. Les bourses régionales susciteront le même enthousiasme. Il est toujours réjouissant de savoir que l’on va aider une entreprise de son territoire, que l’on va stimuler l’économie locale.”

Source : Marianne Rey – L’EXPRESS, L’Entreprise.