La messagerie bancaire sécurisée s’engage à effectuer les transferts d’argent internationaux en un jour d’ici un an. 21 banques expérimentent de nouveaux processus d’échanges entre elles.

Le système de messagerie bancaire sécurisée Swift prend le taureau par les cornes. La coopérative de banques et d’institutions financières, dont l’infrastructure est utilisée par près de 11.000 membres dans quelque 200 pays pour garantir l’échange de données financières réalisé lors d’un paiement ou d’un achat de titres, a décidé de « réinventer les paiements internationaux sur la base de nouveaux standards ». Elle a lancé pour ce faire en décembre dernier un plan baptisé « Global payment innovation initiative » auquel se sont ralliées 45 banques fin janvier.

Sur ces 45 établissements qui couvrent 67 % des échanges transfrontaliers traités par Swift, 21 lancent un pilote qui doit d’ici l’automne faire la preuve que le réseau de banques correspondantes de la messagerie, vieux de près de 45 ans , reste pertinent et compétitif face à de nouveaux entrants.

En pratique, les établissements participants s’engagent à ce qu’un transfert d’argent par une grande entreprise cliente, fait au sein du réseau international des banques pilotes, soit crédité en un seul jour ouvré. C’est en effet là que le bât blesse : une opération qui transite via Swift prend aujourd’hui au minimum trois jours et le délai peut aller jusqu’à neuf jours selon la complexité du transfert. Ce, sans que le client ne soit informé sur l’état d’avancement de l’opération ni assuré du délai exact pour que l’argent transféré le soit réellement, ni qu’il soit sûr du coût précis de l’opération. Ces incertitudes sont devenues incompréhensibles voire intolérables dans un monde où l’instantanéité est devenue la norme. Elles font d’ailleurs le succès de nouveaux acteurs comme Transferwise ou Paypal.

Plan stratégique

« La messagerie Swift n’est pas du tout en cause, ce sont les pratiques des banques du réseau en matière de transfert qui doivent être réinventées », souligne Thierry Chilosi, responsable Market initiatives chez Swift. Autrement dit le fonctionnement du réseau de banques correspondantes chargées d’acheminer le transfert doit être sérieusement dépoussiéré et c’est ce à quoi se sont engagés les 21 établissements du pilote via un corpus de nouveaux accords de services multilatéraux proposés par Swift. Cet ensemble de règles devra être validé à la conférence annuelle Sibos organisée par la messagerie internationale à Genève fin septembre, avant d’être étendu aux 45 banques volontaires en 2017.

En parallèle Swift va lancer en mai une réflexion afin de définir une stratégie à cinq ans sur la manière dont la messagerie peut intégrer de nouvelles technologies afin d’améliorer la qualité et le coût de son service. Cela étant, Swift ne craint pas d’être balayé par des innovations comme la Blockchain qui permet de valider des transactions sans passer par un tiers de confiance. « La technologie ne suffit pas, elle permet d’adresser la question du transfert lui-même mais pas tout ce qui tourne autour et notamment les sujets liés à la lutte contre le blanchiment », prévient Stanley Wachs, directeur international de l’innovation dans les paiements chez Swift.

Source : Ninon Renaud – Les Échos